Ces dernières décennies, l’industrie financière en Europe a vu apparaître de nouveaux acteurs : les Fintechs, traduction de la contraction des termes anglais “Finance” et “Technology”. Ces entreprises innovantes ont fortement impacté les établissements traditionnels (banques et assurances françaises), en devenant des concurrents de poids. Mais quelles sont leurs spécificités ? Quel est le paysage du secteur de la Fintech en France en 2022 ? On fait le point.
C’est quoi une Fintech ?
Selon l’étude “Les Français et les Fintechs” publiée par le cabinet Deloitte, 83 % des Français ne savent pas définir une Fintech en 2017. Seuls 4 % des personnes interrogées savent à peu près ce que c’est. Il est donc bénéfique de donner une définition !
Apparu dans les années 1980, ce mot-valise désigne une entreprise innovante, souvent une jeune pousse ou start-up, qui développe de nouvelles technologies pour offrir des services financiers alliant innovation, optimisation des coûts, efficacité, simplicité d’utilisation et flexibilité.
Représentées par France Fintech (une association professionnelle), les Fintechs françaises bouleversent l’univers des acteurs traditionnels de la banque et de l’assurance. Mais elles représentent surtout un formidable levier pour “motiver” les établissements classiques à entamer leur digitalisation.
Bon à savoir : question vocabulaire, voici une petite précision bien utile. La Fintech française compte également des “licornes”. Il s’agit de start-ups dont la valorisation atteint plus d’1 milliard de dollars.
Quels sont les différents types de Fintech ?
Dans le secteur français de la Fintech, il faut distinguer plusieurs catégories d’acteurs clés comme :
- Les néobanques. Ces banques digitales proposent les services bancaires du quotidien en ligne. Ils sont restreints, mais à des tarifs très compétitifs.
- Les plateformes de crowdfunding. Elles facilitent l’accès au crédit, puisque c’est un financement alternatif dit participatif : un grand nombre de personnes s’engagent à financer un projet via des dons. Le crowdlending est un dérivé de cette pratique. Cette fois, il s’agit d’un prêt collectif rémunéré, offrant des conditions d’obtention plus souples et sans intermédiation bancaire. En échange de leur financement, les investisseurs se voient restituer intégralement le montant et perçoivent des intérêts.
- Les Paytechs. Elles offrent des solutions optimisées pour effectuer un paiement.
- Les Regtechs. Ces jeunes pousses s’appuient sur des innovations technologiques (Intelligence Artificielle, Cloud…) pour répondre plus efficacement aux existences réglementaires financières (conformité…). Dans ce domaine, elles permettent de réduire les coûts, gagner en efficacité opérationnelle et prévenir les nouveaux risques.
- Les Assurtechs ou Insurtechs. Elles fournissent des services innovants dans le domaine des assurances.
- Les Robo-Advisors. Ces plateformes spécialisées permettent de bénéficier de conseils en investissements financiers et de gérer de manière automatisée son épargne (contrat d’assurance vie, comptes-titres…).
Ce ne sont que des exemples. En effet, dans l’univers de la finance, l’innovation est constante. De nouveaux acteurs investissent régulièrement le marché pour développer d’autres types d’offres inédites (vérification d’identité, lutte contre la fraude…).
Quelles perspectives pour la Fintech en France ?
Elles sont bonnes ! Effectivement, en France, le secteur de la Fintech est très dynamique.
En 2018, l’association France Fintech recensait 350 Fintechs en France. Aujourd’hui, elles sont plus de 700 ! Depuis 4 ans, bien d’autres indicateurs viennent confirmer les belles perspectives.
En effet, toujours en 2018, les chiffres n’étaient pas particulièrement encourageants :
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- La France ne comptait aucune licorne parmi les 27 répertoriées dans le monde.
- 30 % de Fintechs françaises avaient moins de 2 ans d’existence selon l’étude réalisée à l’époque par le cabinet Exton Consulting,
- Seules 3 Fintechs françaises (Lendix, Shift Technology, +Simple) faisaient partie du classement annuel “Le Fintech 100” publié par le cabinet d’audit KPMG (contre 12 pour le Royaume-Uni).
Or, les choses ont bien changé !
Publiée par NewAlpha Asset Management, la “Cartographie 2022 des Fintech challengers françaises” confirme que ce secteur bénéficie d’une forte dynamique entrepreneuriale sur le territoire français :
- Sur les 14 licornes françaises créées avant fin 2021, 6 sont des Fintechs.
- 10 Fintechs françaises ont réalisé en 2021 une levée de fonds d’une centaine de millions d’euros soit un total de plus d’1 milliard d’euros.
- Les Fintech représentent 18 % du French Tech 120 (la 2e position) et 33% du Next40 (la 1re position) selon la dernière édition du programme French Tech Next40/120.
- 269 Fintechs challengers sont répertoriées (soit + de 25 % en une année). Il s’agit de start-ups, entrepreneuriales, françaises, avec plus de 5 ans d’activité et toujours actives fin 2021.
- Ces Fintechs challengers ont réalisé + 56 % des levées de fonds par rapport à 2020, avec un montant total en hausse de 41 %.
Bon à savoir : sur le top 3 des catégories de Fintech les plus porteuses en 2021 figurent les Assurtechs, les Paytechs et les Investment Solutions Tech.
Top 10 des Fintechs les plus prometteuses
Réalisée entre décembre 2021 et février 2022, l’étude Fintech100 initiée par Truffle Capital et Finance Innovation donne le palmarès du Top 100 des Fintech & Assurtech françaises.
Elles sont classées selon 5 critères : le chiffre d’affaires, la croissance et l’effectif sur l’année 2021, ainsi que la levée de fonds depuis la création et l’efficacité du capital.
Figurent en tête de ce classement :
- Qonto
- Payfit
- Younited Credit
- Ledger
- Alan
- Shift Technology
- Swile
- Lyra Network
- Lydia
- Descartes Underwriting
Les superviseurs, à savoir l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) et l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), créent un environnement réglementaire et des dispositifs favorables aux acteurs du secteur. Dans ce contexte, même s’il reste des défis à relever, l’avenir de la Fintech en France semble être prometteur.